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Charivari de la société contemporaine

Débat philosophique et intelligence artificielle

28 Août 2014, 00:51am

Publié par alize2769

Arbre des possibles

Arbre des possibles

le concept du "grignotage" utilitaire de l'IA

 

Au-delà des éventuelles craintes liées à une perte (voire une inversion) du contrôle de l’homme sur la machine, le développement de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans notre quotidien professionnel est probablement déjà en cours. Ou, au moins, imminent.

Nous le savons, les usages professionnels se transforment désormais sous l’influence des usages personnels. On se rend compte que cette transformation est déjà à l’œuvre, et que nous sommes aujourd’hui dans une phase de préparation qui précède une phase de déploiement de l’IA au sein de la sphère professionnelle.

Nous sommes en train de nous habituer à utiliser l’intelligence artificielle, parfois sans nous en rendre compte. C’est par exemple le cas lorsque nous utilisons et perfectionnons l’assistant personnel Siri sur notre iPhone. C’est encore le cas dans le domaine automobile, où nous acceptons que des ordinateurs de bord puissent prendre des décisions se substituant à celles, parfois imparfaites, du conducteur.

Cette forme d’intelligence artificielle embarquée dans une machine utilisée par tous, quotidiennement, préfigure clairement une utilisation généralisée et de plus en plus poussée de l’IA dans nos activités professionnelles. Plus encore : elle nous y prépare. Exactement comme les smartphones et les tablettes ont permis à la mobilité des applications métier de devenir une réalité.

C’est une fois que l’usage est acquis dans le domaine personnel qu’il peut devenir une réalité dans le domaine professionnel. La question n’est donc pas tant de savoir si l’utilisation de l’IA dans les applications métier est une bonne idée ou pas. Mais plutôt de savoir jusqu’à quel point nous aurons besoin d’apprivoiser et d’accepter l’IA dans nos usages privés avant d’être prêts à l’utiliser dans notre sphère professionnelle.

Nous pouvons sans risque faire un parallèle direct avec le développement de la mobilité des applications métier, et anticiper que l’intelligence artificielle sera une réalité dans le quotidien professionnel d’ici quelques années à peine. Et, une fois encore, ce sont probablement les smartphones qui permettront en très grande partie cette transition.

 

A l'heure actuelle nous ne connaissons pas toutes les difficultés conceptuelles pour prétendre construire une "vraie" intelligence artificielle , doué de réflexion sur soi , ayant la capacité de formaliser un problème donné et faire preuve d'imagination pour surmonter une difficulté.

 

Mais à force de "grignoter" du terrain sur la part spécifiquement humaine de l’intelligence, on ne voit pas pourquoi nous n'arriverions pas à produire une machine qui illusionne jusqu'à un degré élevé, une machine qui apprenne comme un enfant, hésite, s’émerveille, explique ses hésitations, demande de l'aide, se met en colère lorsque les choses ne vont pas, etc.

La question cependant est moins celle de savoir si cela est réalisable ou non, que celle de comprendre ce qui, dans nos fondements ou notre culture, pousse une frange non négligeable de nos contemporains à ce que ce soit une machine qui nous parle d'amour!

Chemin faisant, l'IA rencontre, redécouvre et renouvelle plutôt qu'elle ne les "découvre" quelques problèmes fondamentaux : ceux notamment qui concernent la définition de l'intelligence et ses déterminations, la définition de l'esprit, de la conscience et de l'intentionnalité, la relation cerveau-esprit, la formation des concepts et des croyances, l'apprentissage de la langue et sa relation à l'intelligence,  son usage en tant que médiateur dans les dialogues et dans des textes, etc.

 

“Tout cela ne dépasse-t-il pas le cadre de l’IA ?”, objectera-t-on. La réponse est bien sûr : oui. Ces questions dépassent en effet largement le champ de l’IA, mais aujourd’hui, tout le monde se retrouve “sur le pont”  neuropsychologues (Damasio, Crick, Edelman...), mathématiciens (Penrose...), philosophes (Dennett, Putnam, Searle...), etc.  pour percer les mystères des fonctions supérieures de l’homme. Tout un chacun sans exception se réfère à un moment ou à un autre à l’IA ou à l’ordinateur. Ce qui domine néanmoins, c’est que personne ne semble être vraiment mieux placé que les autres pour aborder ces questions et qu’une certaine pulsion épistémologique pousse des gens de l’IA, comme dans d’autres disciplines, à contribuer à cette recherche pour laquelle la multidisciplinarité constitue une condition de progrès.

 

Critical perpectives on AI,robots and ethics de David J.Gunkel

Critical perpectives on AI,robots and ethics de David J.Gunkel

Possibilités de dérapages catastrophiques dans l'IA

 

Les machines vont-elles être plus intelligentes que les hommes? Des scientifiques se demandent s’il n’est pas temps d’imposer des limites à leurs propres recherches sur l’intelligence artificielle. Des machines vont-elles dans un futur proche échapper au contrôle de l’homme et devenir totalement autonomes? Cette vieille lune chère aux auteurs de science-fiction(les robots prenant le pouvoir) ne parait plus totalement impensable aux scientifiques.

En février dernier, un groupe de spécialistes de l’intelligence artificielle et de la robotique s’est réuni dans le plus grand secret à Asilomar (une petite ville de Californie), pour discuter des risques de dérives incontrôlables liés aux avancées fulgurantes réalisées ces dernières années par la recherche dans leur domaine. Alors que la puissance des microprocesseurs double tous les deux ans depuis leur invention, alors qu’apparaissent des logiciels capables de mener de véritables conversations et des virus informatiques de plus en plus difficiles à exterminer, alors que les militaires mettent au point des drones et des machines capables de tuer de façon autonome, certains scientifiques se demandent s’il n’est pas temps d’imposer des limites à leurs propres recherches.

 

Explosion de l’intelligence :

 

Organisé par l’Association for the advancement of artificial intelligence à l’initiative d’Eric Horvitz, directeur du laboratoire de recherche de Microsoft, cette réunion à huis clos n’a été rendue publique que la semaine dernière. « Quelque chose de totalement nouveau est apparu durant ces cinq dernières années, explique Horvitz: la technologie remplace la religion«. Certains scientifiques annoncent désormais l’avènement de « l’explosion de l’intelligence«, une théorie avancée dans les années 1960 par le mathématicien Irvin Good dans laquelle des machines intelligentes deviennent capables de fabriquer d’autres machines encore plus intelligentes. Personne pour l’instant, mis à part les participants, ne connait exactement la teneur des conversations qui ont eu lieu à Asilomar (où des biologistes se sont réunis en 1974 pour discuter des dangers potentiels du génie génétique), mais un rapport publié d’ici la fin de l’année devrait en donner les grandes lignes, intitulé « la perte du contrôle humain sur des intelligences informatiques». Voit-on se profiler à l’horizon la mise en place des fameuses Lois de La robotique d’Isaac Asimov ?

 

A ceux qui objectent qu’il sera toujours possible de débrancher les machines, signalons qu’un robot construit par une firme californienne (Willow Garage) est non seulement capable de se mouvoir dans n’importe quel environnement mais aussi de trouver et de se connecter lui-même sur une prise de courant.

Débat philosophique et intelligence artificielle

Débat de l’IA et philosophie

 

"Le principal intérêt de l’intelligence artificielle (IA), quel que soit le résultat qu’elle puisse produire, est de résumer, et d’incarner, l’histoire de la philosophie. L’IA est même le dernier lieu où ces problèmes philosophiques se posent explicitement et pragmatiquement. On peut mettre au défi n’importe quel philosophe, qui se donnerait la peine de lire les travaux de ces domaines, de ne pas y voir une application des anciens débats philosophiques. Ses détracteurs lui reconnaissent eux-mêmes ce caractère de continuation de la philosophie classique (Searle, préface à l’édition française, p. 3), via Heidegger (Dreyfus, p. 10), ou Fodor (Winograd-Flores, p. 173).On peut aussi se risquer à considérer ces travaux, non seulement comme l’aboutissement de la philosophie, mais aussi comme sa réalisation." Jacques BOLO

 

Un des plus fervents partisans français pour une approche philosophique en relation avec la contribution du développement de l'IA. est Jacques BOLO qui écrit :" Une première contradiction des philosophes et de la phénoménologie porte sur la rémanence, dans leur propre discours, des catégories philosophiques auxquelles ils s’opposent. Mais il est encore plus contradictoire de noter que leur position, quand elle s’oppose de façon légitime, ou non contradictoire, à la philosophie traditionnelle, est justement compatible avec l’intelligence artificielle. Contrairement à leurs intentions, de nombreux arguments phénoménologiques rendent possible le projet de l’IA. Car la nouveauté de l’IA est de représenter la synthèse entre différentes positions, et de résoudre de nombreux paradoxes et apories de la tradition philosophique. Au minimum, elle constitue un outil de productivité intellectuelle"

PHILOSOPHIE contre INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Novembre 1996, ed. Lingua Franca, Paris, 376 p.

 

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